Corfou et les îles ioniennes  

Croisière en Grèce du 11 au 24 septembre 2010  

Retenu par d’autres obligations, notamment un prochain voyage lointain, le Président a demandé à Jean-Paul Lamy de rédiger le compte-rendu de cette croisière.

Kalimera ! (Bonjour en Grec)

Claude, l’organisateur de notre périple, avait pris rendez-vous avec Homère à Ithaque pour nous préparer une navigation sur une mer chargée d’histoire. Ils se sont rencontrés, peut-être derrière quelques ouzos, pour imaginer la belle odyssée dont nous avons été les héros. A notre plus grand regret Claude, vraisemblablement séduit par le chant des Irène, n’a pas pu embarquer avec nous.

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… Naviguer comme lui se mérite. Il nous a fallu presque six heures de minibus, le plus souvent sous la pluie, pour atteindre Lefkas, port de départ de notre odyssée. Nonobstant l’absence de notre amiral Claude, deux équipages d’APC sont partis, poussés par une brise légère sur une mer calme et ensoleillée. Mais cette mer nous a montré un jour sa puissance et sa colère quand nos capitaines, toujours enclins à taquiner Eole, voire à le défier, ont voulu contourner l’île de Corfou par le nord, contrairement au plan élaboré par Claude. Heureusement, les équipages amarinés et courageux ont surmonté le courroux des dieux. Echevelés, livides au milieu des tempêtes…  nos vaillants apécéens ont bravé le vent et les vagues des portes de l’enfer, entre Kassiopi et Paleokastritsa. Notre Président aurait même aperçu des poissons par un hublot du carré. Les arvernes intrépides seraient-ils aussi de bons marins ?

Le prestige de notre Président a exacerbé la jalousie et déchaîné l’ire de Poséidon. Ce terrible dieu l’a puni, le faisant sévèrement choir à deux reprises, une fois de la proue de son vaisseau, l’autre sur le pont de son navire. Et alors… et alors… Denis est arrivé sans se presser... Médecin de son état, il a vite réparé et réconforté le blessé.

A bord de Victory, l’activité était de rigueur : réglage permanent de la voilure, matelotage et lavages de pont surprise. Bref, dès que le voilier fendait les flots, il n’y avait plus guère de place pour le farniente. Les rares répits ont été dévolus à l’initiation de plusieurs équipiers à la navigation GPS en situation réelle. Sous la pression, il y eut même quelques manœuvres ratées, mais ô combien formatrices.

L’auteur de ces lignes n’était pas à bord de Sirena et il n’a pu relater avec force détail l’épopée du vaisseau. Il a seulement entendu parler d’un insoutenable suspense : quand Jean-Pierre fera-t-il enfin la cuisine, quand se décidera-t-il vraiment à mitonner sa fameuse omelette aux patates ?

La carte de notre parcours illustre notre odyssée entre les îles et le continent, avec moult étapes toutes aussi sympathiques les unes que les autres. Sirena a bien flirté avec les eaux territoriales albanaises, mais aucun pirate ne l’a trouvée à son goût. Que de bons souvenirs dans ces îles, plus vertes que les Cyclades, plus tempérées que les côtes sud de la Turquie, le tout avec un petit air d’Italie. La navigation à l’ouest de la Grèce et la saison déjà avancée nous ont permis de bénéficier d’un climat agréable et trouver de la place dans les différents ports. Comble de bonheur, notre croisière fut agrémentée de nombreuses baignades et plongeons dans des sites étonnants, dans des eaux bleues ou turquoise dont la température variait entre 26° et 28°, température tout juste suffisante pour dissiper la méfiance frileuse de Catherine et de Daniel.

Nous avons musardé dans des ports et des villages bien typiques, flâné au fil des ruelles étroites, trainé le long de rues commerçantes ressemblant à des souks, pour le plus grand bonheur de la Présidente et de ses chevaliers servants. Au sud d’Ithaque, nous avons découvert des grottes sous-marines fabuleuses le long de la côte. Certains équipiers regretteront de ne pas avoir suivi Dimitri, vrai roi de Zakynthos, dans son surprenant canot. Tantôt ultra rapide il filait au ras des falaises pour nous impressionner, tantôt extrêmement lent, il se faufilait sous des arches et dans d’étroits défilés. Dimitri nous a conduits dans les fameuses grottes bleues pour nous y baigner. Ces cavités naturelles creusées par la mer au pied de falaises abruptes sont garnies de coraux multicolores et d’éponges. Ce fut un moment inoubliable, une fois dominée la peur de nager dans les sombres entrailles de la terre, parmi ces extraordinaires reflets bleus.

A Corfou, nous avons eu la chance de pouvoir accoster dans la marina de Mandraki, club nautique privé et huppé, au pied de l’ancienne citadelle, à deux pas de la cité. Plusieurs d’entre nous sont partis de bon matin visiter l’Achilleion, l’étonnant palais de Sissi. Nous avons tous aimé la belle cité de Corfou, ses citadelles, son architecture, ses monuments, ses églises orthodoxes, ses musées, ses rues animées, ses parcs si verts, mais aussi ses bons petits restaurants.

Bien naturellement, nous avons rapidement adopté certains aspects sympathiques du mode de vie local. Vive les petites tavernes où partager souvlakis, moussakas, tzatzikis, calamars, et autres spécialités. Gloire à l’ouzo et au vin blanc si fruité, qui ont fait bien des adeptes !

Au fil de notre périple, nous avons été plutôt déçus par deux escales. Pratiquement réservé aux ferries, le port d’Igoumenista, en chantier, n’accueille apparemment plus les voiliers. Quant au port « de plaisance » de Parga, petite ville touristique très courue, joliment nichée au fond d’une baie qui est un véritable écrin, c’est une poubelle à l’air libre. Ce port est encombré d’épaves non balisées, immergées pour certaines. Les quais et leurs abords regorgent de détritus et d’immondices en tout genre. Dans ce site magnifique, un tel dépotoir au soleil est une véritable honte. Mais restons sur les aspects les plus positifs de notre épopée.

A Préveza, nous n’avons pas eu l’opportunité de rejoindre le site trop éloigné de Nikopoli, cité érigée par le vainqueur de la bataille d’Actium où Octave, avant de devenir Auguste, défit la flotte de Marc-Antoine et de Cléopâtre.

Enfin, au terme de notre voyage, il serait contraire au respect de la vérité historique de passer sous silence un événement majeur : Béatrice a obtenu son CPA devant un Lionel tout ébaubi, sous le parrainage bienveillant de Denis. Au terme de la croisière, quelques uns d’entre nous ont saisi l’occasion de leur passage à Athènes pour profiter de cette cité historique. Ils ont connu quelques aventures imprévues, mais cela est une autre histoire.

Comme en Turquie, nous avons eu la chance d’avoir affaire à un loueur professionnel et compétent, qui nous a confié deux voiliers certes assez anciens, mais sans problème majeur. Quel bonheur quand la restitution des bateaux se passe dans la bonne humeur et sans arrière pensée tordue ! Quant à la marina de Lefkas, elle est moderne et bien agencée.

Finalement, les croisières en Méditerranée, ce n’est que du bonheur : beauté des paysages, soleil qui prolonge l’été, il y fait bon vivre malgré les caprices d’Eole et de Poséidon. Cette ambiance est propice à l’amitié qui soude nos équipages. Il reste tant de côtes et d’îles à découvrir ou à revisiter. Il reste tant de lieux et de vestiges légendaires pour laisser vagabonder une imagination que la mer sait libérer… 

Hellas, on ne s’en lasse pas !

Un beau parcours de 377 milles

Les chiffres des étapes correspondent au jour du mois de septembre 1010.
La distance en Milles de chaque journée de navigation est indiquée en noir.