Croisière

Surprises méditerranéennes

du 30 avril au 4 mai 2014

par Martine Kahn-Faure

 

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Sans se donner le mot les deux voitures sont parties presque en même temps de Clermont et nous nous sommes retrouvés sur une aire d’autoroute, le temps d’un premier contact entre les six membres d’équipage. J’en connaissais quatre, Christine ne connaissait personne, Sylvie en connaissait trois et Philippe et Claire en connaissait trois aussi mais pas les mêmes…

Inutile de dire que plus nous approchions d’Hyères, plus le mistral soufflait. D’ailleurs la météo nous promettait un beau coup de vent pour… allez savoir : ce soir, demain, à moins que ce ne soit pour après-demain. Ingérable, cette météo en Méditerranée… allez faire un programme avec ça !

Pour le moment, nous sommes contents d’être arrivés, il fait beau, ça sent bon et nous trouvons « notre » Dufour 365 dans un état impeccable, ce qui est très, très appréciable (et pas toujours le cas). Tout est parfaitement propre, rien ne grince et tout fonctionne, le rêve ! Un grand bravo au loueur « Au fil de l’Etrave ». Notre bateau répond au doux nom de « La vie est belle » et il lui fait honneur.

Rituel immuable : installation, courses et dîner sur le port. Dîner léger en l’occurrence car nous avons choisi de prendre le dessert sur le bateau. Christine en effet, pour fêter sa première croisière et retrouver ses souvenirs d’enfance avait commandé chez « Micka » l’incontournable tarte tropézienne qui est à la Méditerranée ce que le Kouign Amann est à la Bretagne… Trouvant la tarte pour six « un peu petite », elle a finalement opté pour… une tarte pour dix personnes. Pour les non-initiés, il s’agit d’une grosse brioche parfumée à la fleur d’oranger et fourrée d’un abondant mélange de crème au beurre/crème pâtissière. Le tout bien sûr recouvert de cristaux de sucre.

Jeudi 1^er mai

Il fait toujours beau, la météo est toujours instable, mais nous pouvons prendre la mer sans problème. Auparavant une petite prise en main du bateau s’impose. Nous sommes en effet dans une situation inédite : d’une part Sylvie, pour qui le bateau est une totale découverte et qui ne demande qu’à apprendre, malgré le vocabulaire « bateau » qui embrouille vite le plus attentif des moussaillons… et d’autre part Christine qui a beaucoup, beaucoup navigué mais à l’ancienne, à la dure, sans aucun confort et qui se retrouve toute décontenancée par les progrès techniques qui nous facilitent quand même bien les manœuvres ! Elle trouve qu’il n’y a plus rien à faire sur ces bateaux modernes et que ce n’est pas marrant !

Pour le moment il fait beau, nous avons un peu de vent et nous partons pour Cavalaire. La côte est belle, nous passons le fort de Brégançon, la pointe du Moulin, la pointe de la Tripe et celle du Port-qui-pisse, le cap Bénat, le Lavandou. Jérôme, très à l'aise à la barre se charge de la navigation, ce qu'il fera aussi, calmement et efficacement quelques jours plus tard dans des conditions plus difficiles. Nous pique-niquons grâce au pilote automatique. La tarte tropézienne diminue. Sylvie subit une légère baisse de forme mais reste vaillante et après avoir dépassé le cap Nègre, le Rayol et la pointe du Dattier avec sa belle maison qui sert d’amer, nous arrivons à Cavalaire. Certaines partent jouer les Reines du shopping, d’autres vont arpenter les puces du Rotary. Dîner à bord et chacun rejoint son duvet avec bonheur, après une nouvelle toute petite part de tarte tropézienne...

Vendredi 2 mai

Le verdict est clair : il n’est même pas question de sortir du port. Se lamenter ne sert à rien, alors : action ! Et nous voilà déguisés en touristes avec K-way et sac à dos, direction Saint-Tropez en autocar… Je reste clouée sur place en arrivant aux abords du célèbre port : les maisons, les cafés, les boutiques ont disparu derrière un gigantesque mur noir et blanc d’énormes unités à moteur aux lignes lourdes et grossières…

C’est tout juste si le ravissant clocher orange et jaune de Notre-Dame-de-l’Assomption dépasse encore. Où sont passés les merveilleux voiliers, les bateaux de pêche, les petites embarcations ??? Nous quittons ce spectacle assez désolant pour les petites ruelles encore pleines de charme mais la pluie se transforme en déluge et nous trouvons refuge à grand peine dans un café place des Lices où bien sûr personne ne joue aux boules avec un temps pareil. Certains partent néanmoins se promener pendant que d’autres décident de visiter le musée de l’Annonciade où nous passons un moment délicieux.

Au retour bonne nouvelle météo : demain nous pourrons partir. Nous dînons donc le cœur léger et la tarte tropézienne diminue toujours. Cette pâtisserie si diététique (mais si bonne) nous a permis d’entendre l’une de nous s’exclamer « si ça continue, je sens que je vais prendre des kilos… énormes ». A l’heure actuelle, nous méditions encore sur le poids des kilos !

Samedi 3 mai

Temps magnifique et juste ce qu’il faut de vent. Sylvie est de plus en plus à l’aise sur le bateau, elle s’intéresse à tout, se débrouille fort bien à la barre et voilà qu’aujourd’hui elle fête son anniversaire en naviguant sur la grande bleue par grand soleil. C’est le top !

Nous mouillons dans l'anse de Port-Man à Port-Cros, un petit paradis et levons nos verres de Champagne en l'honneur de Sylvie qui clame aux bateaux qui s'approchent « c'est mon anniversaire ! » et s'entend répondre par l'un d'eux « vous ne les faîtes pas ! ». L'intrépide Christine se jette à l'eau sous nos yeux ébahis et nage tranquillement comme en plein été... Nous en restons cois, l'eau doit être à quatorze degrés.

Pour la nuit prochaine, Philippe a prévu un mouillage à Porquerolles. Au loin, le ciel est bien plombé au-dessus de Brégançon, ce qui ne nous inquiète nullement, notre route devant nous éloigner de cet orage menaçant dont nous faisons fi avec un brin de mépris. Cependant, au fur et à mesure, force est de constater que l'orage s'étend et s'avance vers nous, les éclairs zèbrent un ciel de plus en plus sombre et « La vie est Belle » ne demande qu'à partir au lof ! Claire tient bon la barre pendant que nous prenons un ris et enroulons le génois. Sylvie observe dans un silence concentré et peut-être légèrement tendu. D'un commun accord nous prenons la fuite devant les éléments et renonçons au mouillage. Sage décision qui nous permettra de trouver une des dernières places au port de Porquerolles. Qui se plaindrait de passer un moment dans cet endroit charmant ?

Dimanche 4 mai

Le vent est tombé. Nous ne sommes pas pressés et partons faire « des ronds dans l'eau » entre les îles du Grand et du Petit Ribaud et la pointe de Terre-Rouge, ce qui nous vaut à chaque fois une jolie houle, vu l'étroitesse du passage. Sylvie est impressionnée par les creux. Son cœur balance entre ravissement et une pointe d'inquiétude.

Le temps passe et nous regagnons le port d’Hyères où nous découvrons « Tara » l'ancien navire de Jean-Louis Etienne, reconverti en unité d'exploration scientifique. Impressionnant par la taille et le matériel, il l'est aussi par l'horrible fumée nauséabonde qui se dégage des moteurs quand il décide d'appareiller... ! Pas très écolo tout ça...

Voilà, c'est fini. C'était bien, inattendu, joyeux et convivial. Un très bon souvenir de plus. Un grand merci à Philippe dont la compétence n'est peut-être plus à démontrer mais que je salue avec tout le respect qu'elle m'inspire.