Bouches de Bonifacio

Du samedi 2 au vendredi 8 juin 2018

Jean-Paul Lamy

Vendredi 8 juin

La météo nous est favorable et les neuf membres de l’équipage se retrouvent à La Moutade. Nous y laissons quelques voitures afin de nous regrouper dans trois d’entre elles. Départ en convoi par l’autoroute A75. Nous atteignons Toulon sans difficulté après une halte pour déjeuner à l’aire du Larzac, après avoir franchi le magnifique viaduc de Millau.

Sur le parking du terminal maritime, nous retrouvons l’équipage de Philippe qui suit un programme analogue aux nôtre. Nous embarquons avec nos voitures sur le bateau de la compagnie Corsica-Sardaigna Ferries. La rade de Toulon est sous le soleil. Quand le ferry appareille, tout près de l’arsenal, nous pouvons admirer des navires emblématiques : le remorqueur Abeille-Flandre, le porte-avions Charles de Gaulle et un navire logistique de projection type Mistral. Après le dîner à bord, nous gagnons nos confortables cabines pour une bonne nuit.

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Samedi 9 juin

Au petit matin, après une nuit calme et un bon petit déjeuner, nous débarquons à Porto-Torres. Comme nous avons du temps devant nous, notre convoi emprunte la route côtière pour rejoindre Portisco, notre port d’attache. Petite halte à Castelsardo avant d’atteindre la pointe nord de la Sardaigne puis la Costa Smeralda.

Nous découvrons notre grand voilier « Monia », un beau Sun-Odyssey 49i en excellent état malgré ses dix ans. Les neuf équipiers s’y sentent à l’aise. Jean-Pierre et Jean-Paul s’occupent de la réception du bateau tandis qu’Agnès, Hélène, Christina et Florian prennent la route pour Olbia, à une douzaine de kilomètres, avitaillement oblige. Christiane et Florent partent à la découverte de la marina de Portisco.A 18 heures, nous larguons les amarres. Les journées d’été sont longues et nous partons vers le nord. Quarante minutes plus tard, nous mouillons pour la nuit dans la magnifique baie de Cala di Volpe.

Dimanche 10 juin

C’est parti pour une belle navigation vers les îles Lavezzi. Nous quittons la Cala di Volpe à 8 heures et longeons la Costa Smeralda, doublons la Capo Ferro, croisons au sud de l’île Maddalena.

Le vent devient favorable et nous pouvons hisser les voiles. A l’approche de l’île Spargi, petite bousculade autour d’un winch, la manivelle échappe à l’équipier et tombe à l’eau. Mais, ô miracle, la manivelle multicolore flotte ! C’est immédiatement la manœuvre de l’homme à la mer et nous retrouvons la manivelle. Florian se jette à l’eau pour la récupérer car le bateau est trop haut pour la saisir. Bel exercice bien réussi !

Nous traversons les bouches de Bonifacio, contournons l’écueil de Lavezzi, puis nous jetons l’ancre dans la Cala Giunco, devant le petit cimetière de l’ile Lavezzi, non loin du monument de la Sémillante. Très peu fréquenté en ce début de saison, l’endroit est paradisiaque. Après cette étape de 27 nautiques, il est 13 heures, le moment de déjeuner.

Ensuite, c’est la manœuvre de débarquement avec la petite annexe en deux vagues successives. Jean-Paul reste à bord et les huit équipiers partent à la découverte de la petite île, avec de petites plages au milieu d’un amas de roches. Les sentiers sont abrupts et Agnès chute, heureusement sans conséquence. C’est aussi l’heure de la baignade dans une crique de rêve. Seul un autre voilier passera la nuit à côté du nôtre.

Lundi 11 juin

A 9 heures, nous levons l’ancre. Nous prenons la direction de l’île Cavallo que nous contournons par le nord, car il serait dommage de ne pas profiter de ce site magnifique. Puis nous mettons cap au sud en direction de l’île Budelli pour mouiller dans la splendide Cala Lunga, c’est l’heure du bain et du déjeuner. Le temps fraîchit et quelques nuages assombrissent le ciel. Nous ne verrons pas les rochers rouges de la Cala Lunga sous un grand soleil.

La météo annonce force 6 pour demain et après-demain. Pas question de naviguer dans ces conditions et nous décidons d’aller nous mettre à l’abri dans un port qui nous protège du vent d’ouest fraîchissant. Nous levons l’ancre à 13h30 et mettons le cap sur Santa Teresa di Gallura. Un vent favorable pousse notre grand bateau qui atteint les dix nœuds sous voile. Après deux heures de navigation, nous embouquons la passe qui mène au port de Santa Teresa. Nous sommes accueillis par le dinghy de service et conduits à la marina privée. Nous découvrirons plus tard que nous aurions pu accoster au port municipal, légèrement moins cher, mais nous n’aurions pas bénéficié des mêmes services. Notre emplacement est parfait, les toilettes sont luxueuses, mais le village est bien éloigné. Nous marcherons beaucoup.

Mardi 12 juin

Le vent force 6 annoncé est bien là. En face de nous, de l’autre côté du port, nous observons le ballet incessant des ferries qui font la navette entre Santa Teresa et Bonifacio. Ils ne sont guère sensibles aux caprices de la météo. Plutôt que de rester à Santa Teresa, Fred propose de prendre le ferry pour aller visiter Bonifacio, idée adoptée avec enthousiasme. Les services de la marina nous transportent de l’autre côté du port et c’est le départ pour une journée en Corse. Jean-Paul reste au port, il n’est pas seul car internet fonctionne. Il va aussi visiter le village perché de Santa Teresa.

Mercredi 13 juin

Conformément aux prévisions, le vent ne mollit guère et il ne pleut pas. Ce sera une journée piétonne de visite de Santa Teresa, dans une ambiance italienne bien agréable.

Jeudi 14 juin

Un peu après 8 heures et demie, nous quittons Santa Teresa pour entamer notre redescente vers le sud. Nous doublons la Punta Falcone et nous dirigeons vers la Cala Chiesa au sud de l’île Maddalena. Nous croisons la route des ferryboats qui font une navette incessante entre Palau et La Maddalena. Nous passons par le détroit peu profond qui sépare La Maddalena de l’île San Stefano et nous dirigeons vers la baie de Porto Palma, au cœur de la zone protégée, que nous atteignons peu avant midi. Comme le temps est au beau fixe, nous sommes loin d’être les seuls au mouillage.

Florent et Florian se succèdent à la guitare et nous offrent une sérénade nocturne, grâce à cette guitare que nous avons eu la riche idée d’emmener. Les autres équipiers fredonnent en chœur. Une veillée bien sympathique.

Après le bain et le déjeuner, nous levons l’ancre pour un après midi à la voile au sud de Porto Palma. Nous enchainons une belle série de bords et de virements de bord. Trois heures durant, tous les équipiers se succèdent à la barre de « Monia » qui file allègrement entre 9 et 10 nœuds. Quel bonheur ! Puis nous retournons à notre mouillage de Porto Palma. C’est là que le bateau de Philippe, « Bilkstem » vient mouiller à nos côtés. Pourquoi tant de bateaux portent-ils un nom impossible à prononcer, surtout à la VHF ?

Vendredi 15 juin

Un magnifique arc en ciel nous invite à rester en Sardaigne, mais la semaine se termine et il nous faut rentrer ce soir à Portisco. Donc route au sud en longeant la côte. Nous faisons un petit tour dans le port de la ville phare de la Costa Smeralda Porto Cervo, parmi les grands yachts, tout en admirant les belles villas alentours. Au terme de quelque 17 milles de navigation, nous allons mouiller au sud de la Cala di Volpe, dans l’eau bleue de la Cala Razza di Giunco. Dernier mouillage et dernier bain.

L’heure de rentrer approchant, nous mettons le cap sur Porto Rotondo. Nous faisons le plein de gazole avant de retourner à Portisco. Jean-Paul s’occupe des formalités. On fait les bagages et les chargeons les voitures. Nous dînons dans un des restaurants de la Marina avant de retourner sur le bateau pour n’y dormir que quelques heures.

Samedi 16 juin

Lever à l’aube pour rejoindre Porto Torres par la route directe, à 140 kilomètres de Portisco. L’arrivée à la gare maritime est toujours difficile en raison d’une absence manifeste de signalisation, on fait donc un peu de jardinage dans la grande zone portuaire. Notre convoi est rompu par des arrêts impromptus : lors du contrôle de police, notre ami Fred se souvient que ses papiers sont dans son bagage principal, enfoui au fond du coffre. Mais le hasard fait que les trois voitures se trouvent regroupées dans le hangar du ferry, ce qui permettra de débarquer ensemble le lendemain.

Belle journée à bord du « paquebot », avec farniente sur les ponts, déjeuner et sieste dans les cabines. Débarquement à Toulon à l’heure prévue et retour à La Moutade, toujours par l’autoroute de Millau. Petite halte sur l’aire du Larzac histoire de se dégourdir les jambes. Nous arrivons à destination à 23 heures et chacun repart avec sa voiture.

A refaire

Tout l’équipage est satisfait de cette croisière, malgré les deux journées sans naviguer. Nous avons parcouru 110 nautiques en cinq jours en toute sécurité. Un grand voilier spacieux et confortable renforce encore le plaisir de naviguer et donne tout son sens au mot « Plaisance ».

Christiane et Jean-Pierre sont les seuls à ne pas s’être baignés. De retour des Seychelles, ils ont trouvé l’eau trop froide, pourtant elle était bonne et sa couleur turquoise incitait à la baignade.

Personne n’a souffert du mal de mer, causé par les redoutables trois « F » : le Froid, la Faim et la Frousse. A contrario, nous avons bénéficié de trois atouts déterminants, nos trois « F » : Fred, Florent et Florian.

Merci à nos efficaces équipières qui ont bien participé aux manœuvres et nous ont concocté de si bons repas.

Enfin, les chefs de bord n’ont pas eu à affronter de mutineries. Ils vous donnent rendez-vous l’an prochain pour une nouvelle aventure en Méditerranée. Peut-même y aura-t-il deux bateaux ? D’ici là, bon vent !